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Hazel Caine n’était pas loin de craquer.
Ses cheveux étaient en désordre, elle avait une tête à faire peur, et ce n’était rien à côté de son appartement. Des montagnes de documents, papiers et vidéos se trouvaient empilées un peu partout. Des bouteilles vides traînaient sur le comptoir. Personne n’était passé faire le ménage depuis des jours – depuis les événements elle n’autorisait plus personne à entrer. Elle vivait déjà dans une sorte de retraite. Maintenant, c’était devenu un bunker.
Elle déboucha une bouteille d’eau minérale, avala un calmant, puis, à la réflexion, en descendit deux autres.
Son interphone sonna.
Elle regarda son sabre de collection suspendu au plafond. Elle était déjà dans la panade, un fétu de paille dans le cyclone des médias, mais avec ce que le Dr David Walsh venait de lui apprendre sur ce Seth Gordon, la situation allait devenir absolument incontrôlable.
Nouvelle sonnerie, insistante.
Peut-être qu’elle devrait se faire hara-kiri ?
Elle appuya sur le bouton.
— Quoi, encore ?
— Deux personnes pour vous, madame.
— J’ai dit aucun journaliste !
— Ce n’est pas le cas.
— Alors qui ?
— Les agents Sparkley et Boss. Du FBI. Ils veulent vous parler. Selon eux, c’est très urgent.
Elle fixa encore le sabre.
— Qu’ils aillent se faire voir ! dit-elle en écrasant le bouton off.
L’interphone se remit aussitôt à sonner.
Bon Dieu, ce n’était pas le moment. PAS maintenant.
Elle rouvrit l’interphone.
— J’ai dit…
— Ici l’agent Sparkley, fit une voix masculine. Je vous conseille d’ouvrir, Miss Caine. J’ai un mandat de perquisition.
Hazel se mordit la lèvre. Le fil du rasoir, on y était. Voilà ce que symbolisait son sabre. Certains y voyaient une épée de Damoclès. D’autres un symbole de discipline orientale. Mais en vérité, il n’était là que pour une chose : lui rappeler que dans son métier on danse constamment sur le fil du rasoir.
— Suis-je obligée d’être présente ?
Seconde d’hésitation.
— Non. Du moment que vous nous laissez faire notre boulot.
— C’est bon, montez.
Elle raccrocha, puis sélectionna une autre ligne en vitesse.
— Mon hélicoptère est prêt ?
— Il l’est toujours, madame.
— Alors on décolle.
— Quand ?
— Tout de suite.